A petite et à grande vitesse.

        Mes arrière-grands-parents parcouraient le même trajet à bord d'une carriole tirée par un âne.  Ce brave animal s'appelait Marteau.  Un jour, au beau milieu du parcours, il s'arrêta pour brouter l'herbe du talus et refusa d'aller plus loin.  Mon arrière-grand-père François, qui avait une passion pour tous les équidés, ne fit aucune violence à Marteau et attendit patiemment qu'il voulût bien se remettre en route.  L'équipage arriva fort tard à Sainte Marie, où le reste de la famille commençait à s'inquiéter.  A peine dételé, l'âne se roula sur le sol de terre battue, lançant ses quatre pattes en l'air, manifestement heureux d'être arrivé.  Mon bisaïeul aimait aussi l'automobile.  Au volant de la C4 Citroën familiale, il conduisait le pied au plancher.  Bonne-Maman Joachime, son épouse, le suppliait, tandis que l'aiguille du compteur restait bloquée à quatre-vingt-dix à l'heure :  Jésus, Marie, Joseph! François, va moins vite!.  Mais le démon de la vitesse possédait le brave homme et il ne cédait jamais aux objurgations de sa femme, qui invoquait en vain tous les saints du ciel.



                                                                  

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